21 juillet 2009

Phoenix, Tortue géniale, Ken et les autres...

(Ce qui suit est un billet de juillet, jamais publié, toujours inédit. Il est pas si mal, je le poste, na.)

Ma génération, c'est la génération club Dorothée. Je me souviens de Dragon ball, mais j'étais plutôt Chevaliers du Zodiaque. Enfin, je ne parle pas de Goldorak, je crois que je dessinais que ça en maternelle... Mais pour en revenir aux chevaliers, c'est paradoxale de voir la force d'une série, vu la faiblesse du dispositif : le gentil héros rencontre un adversaire, qui parait monstrueusement trop fort pour lui. Il se fait laminer, puis le héros découvre un potentiel caché en lui, lui fout la pâtée, mais l'adversaire n'avait pas utilisé toutes ses ressources, si bien qu'il reprend l'avantage. Et à la fin, le héros maîtrise totalement ses nouvelles capacités, et gagne. Le schéma était toujours le même. Nan il ne faut pas oublier aussi le Deus Ex machina, qui envoyait Phœnix (qui portait bien son nom, parce qu'il avait beau avoir laissé sa vie dans un sacrifice précédent, il revenait en renaissant de ses cendres) sauver le héros (souvent son frère, Andromède, le chevalier gay, pas le meilleur de la bande, sans jeu de mot).
Mais voila, l'ambiance, le côté vaguement ésotérique, le sacrifice (Shiriu qui se crèvent les yeux pour gagner un combat, c'est du Homère!), tout ça donnait un attrait vraiment particulier. Pour l'anecdote, je me souviens d'avoir vu un petit cousin, il devait avoir dans les 8 ans, et il voyait pour la première fois un épisode, lui qui était sevré jusque là aux dessins animées Walt Disney, au père de Bambi qui n'est pas mort puisqu'il revient à la fin (hum, j'ai rien osé dire) et il était littéralement scotché devant la violence de la série, ça le happait, c'était assez marrant à voir.

Il y a eu aussi Dragon ball. Mais si je me souviens bien il passait seulement un nouvel épisode tous les mercredis, et du coup l'action avançait à 3 à l'heure... J'ai finalement vraiment découvert Dragon ball via les mangas, qui ne gâchait pas tout avec le rythme. Je me souviens plus tard de Dragon ball Z, la suite, qui lui aussi était beaucoup plus prévisible que la série initiale. A savoir une vision beaucoup plus centrée sur les combats (et les tournois) et moins sur l'aventure et la recherche des boules de cristal. Autant le dire, c'était beaucoup moins bien. On pourrait même dire qu'Akira Toriyama a vraiment sauté au dessus des des requins un bon nombre de fois (les boules de cristal qui permettent de ressusciter des gens, mais seulement une fois, sinon c'est triché, hum!). Ceci dit, comme dans les chevaliers du Zodiaque, le schéma combat était toujours plus ou moins le même (l'arrivée d'un méchant toujours plus fort), mais ça fonctionnait. Je me souviens surtout de cet été où je regardais l'arrivée des cyborgs C17, C18 et C19, qui n'était qu'un avant goût de Cell. Le gloubli-boulga des méchants venaient de commencer, plus tard la surenchère allait atteindre son point le plus ultime avec la fusion des héros traditionnels (allant du plus fun entre Trunks et Ten) au plus bassement puissant, avec la fusion des meilleurs combattants de tous les temps, Vegeta et Goku. Vraiment je trouve avec le recul que c'était vraiment un délire enfantin, du fantasme de puissance, à son stade le plus ultime. Pas très intéressant pour quelqu'un qui arriverait sur le tard à ce niveau de la série, mais combien bêtement jouissif pour quelqu'un comme moi qui se rappelait également de Goku, petit, avec son nuage magique (qui dans Z ne servait à rien puisque Toriyama décide que voler à la Superman devient possible dans son univers), son bâton magique, ses haricots magiques... Et Tortue géniale, à mon sens le personnage le plus pervers et le plus drôle de toute la série.

Enfin il y a eu Ken le survivant. Quand c'est arrivé, ce fut un scandale dans les médias. Les voix françaises ont décidés de faire grève pour protester contre la violence et le look légèrement fachiste de l'ensemble. Ils ont arrêtés la grève, mais ont imposé à AB production, de changer totalement les dialogues. Ce fut alors un déluge de blague pourri, de méchant au look qui foute vraiment les boules, mais affublés d'une voix de fausset et de vocabulaire qui le rendait totalement ridicule. Nous avions alors à notre vue, un truc totalement hybride, respecté ni par les détenteurs des droits, ni par les médias qui s'acharnait sur la série. Nous avions notre pop culture à nous, mais apporté d'une manière totalement involontaire par les adultes...

Au fond, c'est un peu comme ça qu'on été façonné, par l'ignorance des adultes et leur non respect des formes d'arts (même mineurs) qui ont depuis fait florès...
C'est là où je voulais en venir. Comment une culture (qui est pour moi à la base de la culture geek) à pu se construire à partir de l'ignorance crasse des adultes de l'époque. AB production achetait alors japonais car c'était la production de dessin animée la moins cher au monde. Les séries s'achetaient au kilos. Et ce sont les marchands du temple qui ont lancé une religion dont même eux ne croyaient pas. Incroyable, non ?