21 janvier 2010

Janvier 2010, Paris








11 janvier 2010

Avenging poetry

J'aime bien la prose d'Eric Chevillard. C'est un auteur avec un certain style. Je l'ai découvert en faisant des recherches sur le vaillant petit tailleur (le conte des frères Grimm, qui est magnifique), qui a été réécrit par Chevillard.
Il se trouve qu'il écrit aussi quotidiennement sur son blog.

Tel que ceci, en mode bégueule, qui soulage  :
Je suis sensible aux vœux de bonne année émanant d’envoûteurs et chamans véritables qui n’hésitent pas à sacrifier une poule noire ou à brûler des herbes rares en invoquant les soleils et les volcans. Pour les autres, je n’y entends qu’un aveu d’impuissance doublé d’une invitation à me débrouiller seul et si possible en silence.


ou bien, florilège :
– Fils de pute !
– Sale bâtard !
– Chien de ta race !
– Enculé de ta sœur !
Ainsi allaient devisant deux jeunes amis semblables à Montaigne et La Boétie.
mais encore :
La tortue assiste sans y prêter grande attention au passage de l’homme sur la Terre.
toutefois :
La fin du monde nous débarrassera d’un coup de tant de pénibles crétins qu’il serait injuste de n’y voir qu’une sombre menace.
or :

J’inscris sur une feuille tous les numéros de téléphone, codes, matricules, mots de passe que j’ai en mémoire et je comprends soudain pourquoi je ne sais rien de la civilisation sumérienne et si peu de Baudelaire : plus de place.
quand soudain :
Frottis cervico-vaginal partiellement cytolytique constitué de cellules malpighiennes intermédiaires et superficielles munies d’un cytoplasme plus ou moins lysé. L’ensemble desquame au sein de plages de bacilles de Döderlein et de traînées d’hématies. A noter la présence de cellules endocervicales normales. J’ai découvert hier ce courrier dans le sac de ma compagne. Il ne porte pas de signature, mais il n’est pas bien difficile de deviner qui le lui a adressé. Si donc Monsieur Mallarmé s’obstine dans cette correspondance amoureuse tout à fait déplacée, je me verrai dans l’obligation de lui envoyer mes témoins. 
à toutes fins utile :
Belle paire de jambes en mouvement, l’impeccable ciseau, puis soudain une cheville se tord, un talon se casse, de même le plus grand style n’évite pas toujours la gaucherie qui est le travers de sa grâce.
Certes, c'est parfois un peu grandiloquent, mais ça tire aussi juste, à mes yeux. 

Voila, tout ça se retrouve sur son blog, avec 3 pensées/phrases/haïkus par jour.