16 mai 2008

Senna Monaco 1988

Senna, lors des qualifications du circuit de Monaco en 1988.

Nous roulions avec des pneus de course, pas de qualification, ce qui fait que nous pouvions aligner autant de tours que nous voulions. C'était la voiture à moteur turbo, bien sûr. J'ai pris la piste, j'ai bouclé un bon tour, puis un autre. J'avais la pole. Mais j'ai continué: au tour suivant, j'ai augmenté mon avantage, puis encore, et encore, et encore...

J'en suis arrivé à tourner plus de deux secondes plus vite que les autres, y compris mon coéquipier qui conduisait pourtant la même voiture que moi, équipée du même moteur, tout. On pouvait être directement comparés, et j'avais tourné plus de deux secondes plus vite que lui. Ce n'était pas parce qu'il avait roulé lentement. Mais parce que j'avais conduit trop vite...

A un moment, j'ai eu l'impression que le circuit n'était plus vraiment un circuit seulement un tunnel de glissières. Je me suis alors d'un seul coup rendu compte que j'avais dépassé la limite que je considérais comme... raisonnable. Je n'avais plus de marge. Plus du tout.

Quand j'ai éprouvé ce sentiment, aussitôt, j'ai ralenti. Je n'y étais pas oblige, tout allait bien. Mais j'ai ralenti, instantanément. Ensuite, je me suis dit que j'avais atteint un niveau inconnu. Je n'ai pas vraiment compris comment j'y étais parvenu, et je n'ai d'ailleurs toujours pas compris tout le phénomène. Seulement une petite partie, qui est encore loin de satisfaire mon besoin de comprendre ce qui se passe quand on entre dans ce domaine. Aussi, j'ai levé le pied, et je suis rentré doucement aux stands. Je me suis dit: "Aujourd'hui, c'est spécial. N'y retourne plus. Tu es vulnérable... Tu t'es placé dans une situation où tu as presque laissé l'initiative à ton sub-conscient". Cette constatation m'a mis mal à l'aise.


Source : www.funof1.com.ar

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